Echanges entre :

Andreï Grigoriev, réalisateur et producteur du film VASSENINE et le public

Le 3 mars 2016

 

PUBLIC

Ce film est très émouvant et touchant. Ce qui est moins courant est qu’il parle de la guerre et surtout d’amour.

ANDREÏ GRIGORIEV

Merci d’être venus, je suis à votre écoute mais avant je voulais vous dire qu’en découvrant un article de presse relatant cette histoire extraordinaire, je voulais que celle-ci soit connue du public. Pour mener à bien ce travail, j’ai été aidé par un journaliste français qui est aussi historien. Cela a été très précieux pour les recherches en France.

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Merci pour ce film ! Nous pouvons constater que le cinéma russe est à l’aise avec le montage ! C’était un peu guerre et paix ! Comment avez-vous pu gérer les archives et le montage du film avec toutes ces émotions ?

ANDREÏ GRIGORIEV

Le plus important était de ne pas casser cette histoire fragile et touchante. Lorsque nous avons travaillé sur ce documentaire nous avons activé toutes nos compétences professionnelles pour être au plus près du sujet et de la vérité. Cela a fonctionné et grâce à ce travail réalisé, l’histoire est vivante. Plus il y aura de spectateurs pour ce film plus l’histoire demeurera en vie. Je suis très content de pouvoir présenter ce film aux russophones et aux francophones. Ce travail a pu être réalisé car beaucoup de personnes se sont engagées pour ce long métrage. Cela nous permet de ressentir tous ces sentiments profonds.

Lorsque le soldat Vassenine a fait le choix de retourner en France, cela a marqué tout son entourage. Cela doit générer un sentiment de peur et il est difficile de ne pas être effrayé.

Ce film va participer à un fond humanitaire qui documentera l’histoire sur la seconde guerre mondiale. Nous attendons la réponse de l’Unesco. Cela fera partie de la mémoire du monde.

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Nous vous remercions pour ce film et je ne m’attendais plus à un film de guerre que sentimental. C’est une belle surprise que d’y inclure toutes ces émotions. Je suis actuellement en Fac d’Histoire et en ce qui concerne les témoignages oraux, on nous demande de ne pas utiliser de caméra. Il est dit que la caméra peut modifier le comportement des gens. Qu’en pensez- vous ? Avez-vous fait une préparation dans votre cas ?

ANDREÏ GRIGORIEV

Il est vrai qu’au départ les gens qui entouraient Nikolaï Vassenine ne connaissaient pas vraiment l’histoire. Son épouse est décédée en 2007 et après, sa seule raison de vivre était de retrouver Jeanne et ses compagnons d’arme. C’est cette foi dans l’espoir des retrouvailles qui lui a permis de vivre plus longtemps. Lorsqu’ils ont appris qu’il restait des survivants en France, tout le monde s’est mobilisé pour organiser une rencontre. Mais à 93 ans il était fatigué et la décision de faire le voyage s’est matérialisée un an après.

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Mais qui est le père du fils de Jeanne car elle a donné naissance à cet enfant quelques mois après le départ de Vassenine.

ANDREÏ GRIGORIEV

Les secrets sont restés des secrets. Le fils de Jeanne a un père et de toute façon personne ne veut savoir.

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 Cela devait être déchirant pour lui.

ANDREÏ GRIGORIEV

C’est un film d’amour ainsi que sur la grande Russie. Nikolaï Vassenine nous a dit qu’il ne pouvait pas faire autrement. S’il avait retrouvé Jeanne, peut-être que le dénouement aurait été différent. On ne le saura jamais. A cette époque, l’amour avait une autre mesure.

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L’intérêt de ce film est la mesure des sentiments de l’époque. Lorsque cet ancien soldat nous parle de cette guerre et des gens rencontrés, je revoie le même regard et les mêmes larmes dans les yeux de mon grand-père.

ANDREÏ GRIGORIEV

Nikolaï Vassenine a fait beaucoup pour le village de Saint Rambert d’Albon. Il n’a été Maire que deux ou trois semaines mais il a sauvé les personnes de la folie allemande. En effet, la guerre était finie mais en se retirant l’armée allemande se sentant prise au piège n’aurait pas hésité à faire encore des ravages. Lors de leur arrivée dans le village, notre combattant a trouvé les mots justes dans leur langue pour leur expliquer que cela ne servirait à rien de tuer encore, que de toute façon ils ne s’en sortiraient pas car ils étaient encerclés par la résistance. Les adversaires ont déposé les armes …