CRIMINEL, film de VIKTOR DEMENT

Echanges entre le public et le réalisateur du vendredi 4 mars 2016

 

VIKTOR DEMENT

Je vous remercie d’avoir pris le temps de venir voir notre film. Quand je travaillais sur celui-ci je n’aurais jamais imaginé le présenter en France. Votre pays est idéal car il comprend le cinéma.

Nous avons adapté à l’écran la nouvelle de l’écrivain russe Vladimir Tendryakov, Nakhodka, qui donne son nom au film et dont la traduction littérale est La Trouvaille. Il a fallu convaincre la veuve de l’écrivain en lui proposant ce scénario. Le film a mis sept ans pour arriver devant vous.

PUBLIC

Merci pour ce film que j’ai trouvé très saisissant. Quel est votre rapport à la nouvelle et au film ?

VIKTOR DEMENT

 Nous avons essayé de conserver au maximum la ligne du livre écrit en 1965. La seule chose qui a été modifiée est le contexte de l’époque. Volontairement, dans le film nous n’avons pas donné d’indices sur la période.

PUBLIC

Pourquoi avez-vous choisi d’adapter cet ouvrage et pas un autre ?

VIKTOR DEMENT

Vladimir Tendryakov est un écrivain peu connu en Russie et sous-estimé. Nous l’aimons beaucoup. L’histoire qu’il a développée est assez simple. Il parle de choses universelles et l’histoire russe l’est !

PUBLIC

J’ai cru comprendre que c’était votre premier film. Pourquoi êtes-vous devenu réalisateur et pourquoi ce choix d’acteurs ?

VIKTOR DEMENT

Je rêvais d’être réalisateur depuis l’enfance. J’ai beaucoup travaillé dans le théâtre en Russie mais celui-ci ne se développait pas énormément. J’ai fait des études cinématographiques et je me suis orienté vers l’univers de la télévision. Peut-être qu’en regardant ce film, vous trouverez des indices sur le genre cinématographique que j’aime, comme les cinémas classiques russe et français.

J’ai choisi l’acteur Aleksei Guskov car je le trouve très différent et surtout profond. Son personnage dans le film vous donnera éventuellement un sentiment de dégoût ou de compassion mais en tout cas il ne vous laissera pas indifférent.

La femme qui joue son épouse, Nadezhda Markina est une actrice connue en Russie (elle a joué dans Elena, film d’Andreï Zviaguintsev). L’actrice la plus jeune s’appelle Katia et elle a 3 mois. On me demande souvent comment j’ai pu faire un tournage aussi cruel avec une actrice aussi jeune. Mais cette petite fille était originaire du Nord de la Russie et habituée au froid. Elle a eu plus de confort que toute l’équipe ! Lors de la scène où elle tombe dans l’eau, ce sont les vêtements qui ont été mouillés, pas elle !

PUBLIC

Dans quelles régions de Russie avez-vous tourné ?

VIKTOR DEMENT

Nous avons tourné dans le Nord de la Russie en Carélie, près du lac Onega. La température était de moins 35 degrés.

PUBLIC

Tout à l’heure vous disiez que la France était le pays le plus approprié pour comprendre le cinéma russe, pouvez-vous nous en dire plus ?

VIKTOR DEMENT

Je crois que la Russie s’est beaucoup inspirée de la culture française. Le cinéma français des années 50 jusqu’à aujourd’hui est très connu dans notre pays. Le nom de Pierre Richard ne nous est pas étranger ! Je trouve que nos peuples sont très proches culturellement.

PUBLIC

En ce qui concerne le protagoniste du film, vous nous avez parlé d’un personnage aux multiples facettes. Le titre a été modifié par rapport au livre.

En transformant La trouvaille (titre du livre) en Criminel au masculin (titre du film), ne pensez-vous pas que cela donne un regard qui n’est pas favorable sur le personnage principal ?

VIKTOR DEMENT

Le titre initial en Russie était La trouvaille, comme le livre. Ce sont les distributeurs français qui en ont changé l’appellation. Le mot trouvaille, aussi bien en français qu’en russe, paraissait trop léger. Je n’ai pas voulu les en empêcher mais il est vrai que je trouve cette dénomination un peu ambigüe. C’était leur décision et malgré tout cela nous a compliqué la tâche. Il y a un gouffre linguistique entre trouvaille et criminel en russe. Mais les distributeurs savent vendre les films et l’essentiel est que vous soyez là et que vous ayez apprécié notre travail.

 

Propos recueillis par Laurence Guillemin